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Le féminisme révolutionnaire

En 1787, le marquis Nicolas de Condorcet a déclaré que les femmes devaient avoir exactement les mêmes droits que les hommes qui ont fait des lois oppressives à leur encontre ou qui ont établi une grande inégalité entre les deux sexes. À une époque où les femmes n’avaient aucune représentation politique le marquis de Condorcet soutenait que les femmes devaient voter, qu’elles devaient pouvoir être élues et avoir le droit d’accéder à toutes les fonctions publiques.

Pour comprendre la naissance des premières manifestations du féminisme en France, il est essentiel de revenir à l’ancien régime quand les femmes n’avaient que des droits très limités, leur témoignage était admis dans les procès civils et criminels mais elles ne pouvaient pas agir légalement. Jusqu’au mariage la femme restait sous l’autorité paternelle et après elle passait directement sous l’autorité de son mari. La femme mariée n’avait aucun contrôle sur sa propre personne et sur ses biens et seul le décès de son mari pouvait lui offrir une possibilité d’indépendance.

Cette condition de subordination des femmes est le point de départ à partir duquel les intellectuels les plus importants du XVIIIe siècle, commenceront à débattre.

Toujours en 1787 certaines théories féministes radicales s’étaient répandues à travers des écrits appelés pamphlets et le thème principal de ces écrits était la considération que les êtres humains sont naturellement égaux et que la discrimination sexuelle n’est pas naturelle.

L’un des pamphlets, les plus importants de ces débuts féministes, est le “Cahier des doléances et réclamations des femmes” de M.me B.B. Elle a affirmé qu’en tant que noble qui ne peut pas représenter un homme ordinaire aux assemblées, un homme ne peut pas représenter une femme de la même manière.

Lorsque les États Généraux se sont réunis pour la première fois et que le gouvernement représentatif a commencé son travail, les féministes ont changé de tactique et elles ont commencé à envoyer des délégations au gouvernement et à utiliser les clubs politiques.

L’expression la plus importante du féminisme français a été celle d’Olympe de Gouges, elle a affirmé que “si une femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit aussi avoir le droit de monter à la plus haute fonction”.

La dramaturge a rédigé en 1791 la “Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne” et l’a envoyé à Marie Antoinette. Cette déclaration est la copie féminine de la “Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789” et dans ce texte, dont la forme était unique à l’époque, elle a affirme l’égalité des droits civils et politiques entre les deux sexes.

Par exemple à l’article 3 la Nation était définie comme “la réunion de la femme et de l’homme” et un extrait passionnant du préambule de la déclaration est également “en conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être suprême, les droits suivants de la femme et de la citoyenne”.

Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, ne s’est pas seulement préoccupée de l’égalité civile, mais elle a prévu la création d’institutions de maternité pour les femmes, elle a proposé un système de santé maternelle et infantile et elle a soutenu l’abolition du mariage religieux pour le remplacer par un contrat d’union civile. À travers ses écrits, elle a soutenu la Révolution française mais l’appartenance aux girondins l’a amenée à la guillotine en 1793.

Pendant la Révolution d’autres importantes féministes ont été Etta Palm Van Aelders qui, en 1792, a demandé à l’Assemblée Nationale d’obtenir l’éducation des filles, d’accorder aux femmes une autonomie juridique à l’âge de 21 ans, d’assurer la liberté politique et l’égalité des droits pour les deux sexes et d’introduire une loi sur le divorce.

Théroigne de Méricourt est souvent la plus connue des féministes de la période révolutionnaire, elle a provoqué un scandale parce qu’elle a ouvert son salon au public, elle a fondé un club de femmes et elle a participé aux aggressions sur les Tuileries.

Puis il y a eu la chocolatière Pauline Léone et l’actrice Claire Lacombe fondatrices et présidentes du plus célèbre des clubs féminins: les “Citoyennes Républicaines Révolutionnaires”. Elles étaient sanculottes et leur programme était caractérisé principalement par des revendications économiques.

Pendant la Révolution française la lutte féministe était basée principalement sur trois points, la première était que les femmes sont des êtres humains et qu’elles ont les mêmes droits naturels que les hommes. Les féministes considéraient la lutte des femmes comme un parallèle et une continuation naturelle de la guerre du tiers état contre les privilèges des classes supérieures.

Le deuxième argument / thème était le rôle biologique des femmes; en tant que mères de citoyens elles avaient une fonction fondamentale dans l’État car elles garantissaient sa survie.

Enfin, selon le troisième argument/ point, il y a eu la contribution politique des femmes à la lutte pour la liberté et leur persévérance patriotique.

Il est important de souligner que l’éducation a été le principal sujet de rassemblement des féministes. Les gouvernements révolutionnaires ont examiné plusieurs projets pour le renouvellement du secteur de l’éducation mais, ils ont eu la tendance à renforcer et à perpétuer les différences entre les sexes.

La Révolution n’a donc pas réussi à améliorer ou à développer l’éducation des femmes.

Les législateurs n’ont pas tenu bien compte de la question du suffrage des femmes, malgré la campagne acharnée menée par les féministes. Dans ces années-là, le rôle politique des femmes et le droit à la citoyenneté étaient considérés comme des privilèges et non des droits et en 1793 les montagnards supprimèrent les clubs de femmes.

Avec la fermeture des clubs de femmes, les aspirations politiques féministes ont été détruites.

Mais la Révolution, qui avait été si sévère à l’égard des femmes dans la vie publique, a été beaucoup plus compréhensive dans la sphère privée. Les lois sur l’héritage ont été modifiées pour permettre l’égalité des droits entre les fils et les filles et certaines lois sur le droit à la propriété ont également été modifiées, donnant aux femmes une certaine liberté pour administrer leurs biens. De même, la valeur de l’opinion maternelle a été reconnue dans les décisions concernant les enfants mineurs. Enfin, la législation révolutionnaire sur le divorce a prévu l’égalité des hommes et des femmes.

Mais la cause principale de l’échec du féminisme révolutionnaire est l’étroitesse de son groupe de défenseurs, le féminisme était et il restait d’intérêt d’une minorité, la majorité des femmes françaises n’avait aucun intérêt à changer leur statut social.

Une autre cause est que les femmes les plus influentes de l’époque se sont tenues à distance des féministes qui jouissaient d’une mauvaise réputation. Toutes les dirigeantes féministes ont été davantage compromises par leurs convictions politiques et elles n’ont pas réussi à convaincre l’opinion publique. Elles ont toujours agi de manière isolée et sans réelle coordination entre les différentes dirigeantes des clubs des femmes.

Le féminisme révolutionnaire a été un phénomène réel et radical à cette époque-là, il avait commencé avec enthousiasme et force mais son impopularité, ses erreurs et l’incompréhension de ses opposants se sont rassemblés pour le réduire au silence.

Silvia Orlando

Photo by Jon Tyson on Unsplash

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